Romans et contes
Titre volume  Romans et contes N°3
Auteurs   Voltaire (Auteur)
Edition  Bibliothèque française de la Nouvelle Librairie de France : Paris , 1966
Prix   20E
Langue d'édition   français
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Waziers 1596540140874 800 VOL R/3Adulte / Armoires hautes rez-de-chausséeDisponible
Résumé : Ce volume présente : L'ingénu, L'homme aux quarante écus, La princesse de Babylone. Illustrations d'Enrique Marin (bois gravés) Qu'on apprécie l'étonnante variété des talents de Voltaire dans le genre qu'on a nommé romanesque : six mois seulement séparent l'Ingénu et L'homme aux quarante écus, qui paraît sans doute en janvier 1768. Tout est différent : le sujet traité, la forme du récit, la "philosophie" même qui s'en dégage. Un seul point commun entre ces deux satires, on s'en doute : leur audace, qui détermine leur sort. L'Homme aux quarante écus est condamné au feu par le Parlement de Paris, le 24 septembre 1768 ; en 1771, Rome l'inscrit à l'Index ! C'est précisément l'audace de cet ouvrage qu'il faut juger. Abandonnant ici la critique des dogmes ou du fanatisme religieux, Voltaire reprend par le fond un problème à peine abordé dans Jeannot & Colin, qui intéresse l'économie politique et par voie de conséquence, l'organisation sociale d'une société moderne. Sur ce terrain, tout est périlleux. Or, si les idées de Voltaire en la matière paraissent de nos jours bien bourgeoises, elles parurent proprement réactionnaires aux éditeurs de Kehl qui durent encombrer leur texte de maintes notes rectificatives. En s'opposant aux divers projets de réforme fiscale, nés de la crise financière du moment, qui eux étaient hardis - impôt unique, impôt sur la terre - Voltaire fait figure de petit propriétaire attaché à ses seuls intérêts et l'ennemi de toute intervention de l'Etat dans l'économie privée. Là réside l'équivoque : cet individualisme, dépassé en tel domaine, devient REVOLUTIONNAIRE en d'autres. L'Homme aux quarante écus est un modèle de pensée qui démontre que tout homme libre est capable de se former une opinion sur la conduite des affaires, autant que sur l'art d'ensemencer un sol ou d'apprendre les lois de la génétique. Cette prétention devient anarchisme dès que l'individu proclame la vanité de toute secte, moines, fermiers généraux, juges, faux savants... Cet éconosmiste amateur ne voit peut être pas très loin mais au moins voit-il comment réduire avec évidence les dépenses publiques (que d'argent engouffré dans les guerres, les plaisirs officiels, les dîmes de toutes sortes !). Il a même des idée sur la façon d'augmenter les recettes, sans augmenter l'impôt, ce qui n'est pas si évident (par le plein emploi, en utilisant à l'occasion la main-d'œuvre fournie par les gens d'église, par exemple). Le labour mène à tout : voilà un parvenu, dans tous les sens. Il se nomme maintenant Monsieur André, il a décuplé sa rente, c'est un homme de bonne compagnie qui n'invite que des commensaux avertis et déliés, comme lui, du besoin et de la peur. C'est surtout en cela que l'Homme aux quarante écus est d'une actualité...brûlante et que Voltaire demeure à jamais un "moderne".