Biographie de la faim
Auteurs   Nothomb, Amélie (Auteur)
Edition  A. Michel : Paris , 2004
Collation   240 p.
Illustration   jaquette ill.
Format   21 cm
indice Dewey   920
848.914 03 (oeuvre)
ISBN   2-226-15394-2
Prix   16,90 EUR
Langue d'édition   français
Sujets   Nothomb, Amélie(1967-....) -- Enfance et jeunesse
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SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Waziers 1596540034739 B NOT NAdulte / BiographieDisponible
Résumé : Dans ce roman, Amélie Nothomb retrace quelques passages de sa vie. Bien que l'auteur n'y reconnaisse pas une parfaite autobiographie, aucun élément n'est, selon ses dires, fictif. La thématique est celle de la faim, et plus généralement de tous les désirs qui agissent en son être. "[...dans le catalogue...] je vis d'étonnantes amulettes de Nouvelle-Guinée, d'élégants tissus peints des îles Samoa, de jolis éventails des îles Wallis, de remarquables vases de bois des îles Salomon, etc. Mais dès qu'un objet respirait l'ennui, j'avais à peine besoin de regarder la légende : c'était un peigne (ou un masque, ou une effigie) originaire du Vanuatu, qui ressemblait singulièrement aux peignes (ou masques, ou effigies) que l'on voit dans quatre-vingt-dix-neuf pour cent des musées de vieilleries municipaux du monde entier, où l'on soupire d'avoir à contempler les éternels bouts de silex ou colliers de dents dont nos lointains ancêtres ont cru nécessaire de remplir leurs grottes. Exposer de telles choses m'a toujours semblé aussi absurde que si les archéologues du futur se mettaient en tête d'exposer nos fourchettes en plastique et assiettes en carton. ...A y regarder de plus près, un autre détail de ce catalogue m'intrigua. Un motif récurrent de l'art océanien primitif semblait être le yam : l'igname qui est un peu la patate d'Océanie, objet d'un véritable culte. Gare à ceux qui se moqueront en lisant cela : nos hommes préhistoriques à nous ont eux aussi dessiné la nourriture. Et, sans remonter si loin, nos natures mortes ne regorgent-elles pas de mangeailles ? A ceux qui me rétorqueraient : "Quand même, des patates !", je réponds qu'on a le caviar qu'on peut. L'unique constante de la représentation artistique des aliments, c'est que le dessinateur (le sculpteur, le peintre, etc.) choisit des mets rares, et jamais son ordinaire. Ainsi, on a pu prouver que les hommes de Lascaux se nourrissaient exclusivement de viande de renne - et il n'y a pas d'image de renne sur les splendides parois de la cathédrale. Sempiternelle ingratitude de l'esprit humain, qui préfère glorifier les ortolans et le homard plutôt que le pain auquel il doit la vie. Bref, si les Océaniens ont tant représenté l'igname, c'est que c'était leur plat de fête, c'est qu'il était difficile de cultiver ces tubercules. Si les pommes de terre étaient rares chez nous, manger de la purée relèverait du snobisme. Or, dans le catalogue, aucun yam, ni d'ailleurs aucune représentation alimentaire, n'était originaire du Vanuatu. Pas de doute, ces gens-là ne rêvaient pas de nourriture. Pourquoi ? Parce qu'ils n'avaient pas faim. Ils n'avaient jamais eu faim.