Résumé : De tous les livres qu’inspira la guerre d’Espagne, celui-ci, qui a pour cadre les Canaries, est sans doute l’un des plus fascinants et peut-être le plus singulier. C’est que la guerre apparaît ici dans le regard d’une petite fille brutalement fourvoyée par la violence et la peur. Dans sa quotidienne progression, la guerre envahit les moindres recoins d’une maison jusque-là consacrée au bonheur, elle soumet chacun de ses habitants, s’approprie les animaux familiers, s’étend à toute l’île où l’enfant ne voit pus que barreaux, barbelés, prisons, camps et surtout de ravin où chaque nuit, en rêve, son père est fusillé. Sans cris, sans le tumulte de l’indignation, Nivaria Tejera montre l’implacable dégradation de la confiance par laquelle l’enfant était reliée à la vie. Et cela sans que jamais, dans l’écriture, le regard de l’une soit subverti par celui de l’autre.