Résumé : Pissarro ! Influencé, influençant, le travail de Pissarro témoigne d'une époque interconflictuelle. La guerre de 1870 s'est terminée par une défaite française et des tensions revanchardes s'expriment. Le monde ouvrier est en ébullition. Les arts commencent à se détacher du formalisme et tentent d'imposer un nouveau courant, plus proche du peuple, des besogneux... Besoin de paix, d'amour. Les techniques picturales évoluent mais se frottent encore à l'inertie d'une société trop embourgeoisée pour se lancer sur des chemins de traverse, chemins non contrôlés par le sabre et le goupillon. Pissaro, Seurat, Manet, Monet, Cézanne, Renoir, Sisley, impressionnistes, néo-impressionnistes, divisionnistes, se cotoient dans un chatoiement de couleurs mais dans l'amertume d'un quotidien-fin de siècle. Paul Cézanne a dit : "Peut-être descendons-nous tous de Pissarro ?!". Car Pissarro est le doyen, non seulement par l'âge mais surtout par ses recherches picturales, d'un groupe d'artistes qui se tournent résolument vers d'autres expériences, loin de l'académisme rigoureux des salons parisiens. Pissarro est attiré par la simplicité d'un monde laborieux, splendide dans sa souffrance et sa bonne humeur. Il sera LE peintre du monde paysan. Redécouvrir "la blanchisseuse", "Femme dans un clos", "Jardin potager à Eragny" ou "L'île Lacroix à Rouen, effet de brouillard", nous replonge vers cette fin de 19ème siècle où la société éreintée par les guerres coloniales, européennes, par l'accroissement de l'industrialisation n'aspire qu'à un repos bien mérité, à des dimanches calmes. Ces toiles, ces chefs-d'œuvre, représentent la charnière d'un monde qui disparaît au profit d'un autre que personne n'avait réellement voulu.