Les treize mystères - les treize énigmes - les treize coupables - nouvelles
Auteurs   Simenon, Georges (Auteur)
Edition  Editions Rencontre : Paris , 1967
Langue d'édition   français
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Waziers 1596540132978 843.08 SIM TAdulte / Armoires hautes rez-de-chausséeDisponible
Résumé : Les treize mystères Joseph Leborgne compulsa quelques dossiers, choisit presque au hasard une chemise qu'il me tendit. Sur cette chemise, il s'était contenté de coller des mots découpés dans un journal, où ils avaient constitué un titre en caractères gras : l'affaire Lefrançois. Une affaire pour débutant ! me dit-il. Je parie qu'après cinq minutes vous claironnez la solution. Et il ne s'occupa plus de moi. Il alla s'asseoir dans un fauteuil, devant le radiateur électrique et il tira à lui un guéridon sur lequel était posé un pot de confiture chinoise. La plus mauvaise plaisanterie jouée à Joseph Leborgne avait été de l'appeler ainsi, car il portait son nom aussi mal que possible. C'était un homme de trente-cinq ans environ, plutôt petit et mince, extrêmement soigné. Il avait horreur des complications de la vie au point qu'il s'obstinait, étant célibataire, à vivre à l'hôtel, où il se faisait le plus souvent servir ses repas dans sa chambre. Les treize énigmes Avant de parler des enquêtes auxquelles j'ai eu la chance d'assister en compagnie de celui que j'appelle - on verra plus loin pourquoi - l'inspecteur G.7, il faut que je raconte la façon dont j'ai fait la connaissance de ce policier, et cet événement a constitué pour moi, durant de longues heures, une véritable énigme. 9 décembre 192... J'étais par hasard à Montmartre vers deux heures du matin, et, dans un cabaret, j'avais lié conversation avec mon voisin de table, un étranger dont il me fut impossible de déterminer la nationalité, car tantôt je croyais reconnaître l'accent anglais et tantôt l'accent slave qui pourtant se ressemblent aussi peu que possible. Nous sortîmes ensemble, avec au-dessus de nous un beau ciel d'hiver glacé et limpide. Et nous eûmes le même désir de parcourir à pied quelques centaines de mètres. Place Saint-Georges, une voiture rouge, de la série G.7, s’arrêta à quelques mètres de nous et une jeune femme en sortit vivement, tout emmitouflée de fourrures. Elle tendit un billet au chauffeur et s’en alla sans attendre la monnaie. – Prenez-le, dis-je, en désignant le taxi à mon compagnon. – Du tout ! Prenez-le, vous ! – J’habite à deux pas d’ici… – Qu’importe ! Je vous en prie… Je cédai. Je lui tendis la main, bien que nous ne nous connussions que de fraîche date. Il me présenta sa main gauche, car, de toute la soirée, sa main droite était restée enfouie dans la poche de son veston. Et l’instant d’après, j’étais sur le point de le rappeler. Car je tombais brusquement en plein drame, en plein mystère. Dans la voiture où je m’étais engouffré, je heurtais quelque chose. J’avançais la main et je m’apercevais que c’était un corps humain. Les treize coupables Les adversaires étaient de taille l'un et l'autre. Au point qu'au Parquet, l'opinion générale était que le juge d'instruction Froget allait enfin se casser le nez, ce qui n'était pas pour déplaire à tout le monde. II était assis devant son bureau, dans une pose qui semblait inconfortable, une épaule plus haute que l'autre, la tête penchée. Comme toujours, il était noir et blanc : le blanc de sa chair, de ses cheveux taillés à la Bressant, et de son linge empesé ; le noir de son complet rigide. Tel quel, certes il datait un peu. Maintes fois on s'était demandé s'il n'était pas encore atteint par la limite d'âge, car il y avait un lustre qu'il parais-sait soixante ans.