Résumé : Après la Grande Guerre, la quasi totalité des 36 000 communes de France ont érigé un monument à la mémoire de ceux de leurs "enfants" qui n'en étaient pas revenu. Ces œuvres, le plus souvent achetées sur catalogue mais pouvant être également des créations originales de Maillol ou Réal del Sarte, présentent un double témoignage parfaitement décrit et analysé par A. Becker : - d'une part sur le déroulement de la guerre avec des hommes le plus souvent représentés dans leur rôle de combattant, de sauveur de la patrie parfois sacrifié pour elle, de héros anonyme - d'autre part sur les mentalités des survivants avec des femmes inconsolables et des civils en souffrance, le tout sur fond de ferveur patriotique et religieuse et de dolorisme absolu. L'ouvrage ne s'en tient pas stricto sensu aux seuls monuments aux morts, il aborde les grottes où les combattants ont laissé leur empreinte dans la pierre (cette fois de leur vivant) ainsi que les cimetières militaires. Les dernières lignes de la conclusion d'A. Becker sont sublimes et résument on ne peut mieux son livre. Les voici : "Que nous reste-t-il d'eux ? Les sculptures, les graffiti, les traces de ces habitats dont ils se plaignaient pourtant qu'ils n'en fussent pas. L'art spontané des carrières, l'art officiel des monuments, l'harmonie des cimetières, les ont à tout jamais sédentarisés parmi nous. Notre paysage est le leur."